Un an et demi après le scandale du Mediator, la nouvelle agence du médicament, rebaptisée ANSM, est en place. Dotée de moyens renforcés, elle doit assurer plus de transparence et moins de conflits d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique.
Plus transparente, plus réactive, moins dépendante de l'industrie pharmaceutique, la nouvelle agence chargée de surveiller les médicaments est en place. Depuis mardi, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a officiellement remplacé l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). « Au-delà du nouveau nom, il s'agit d'un changement en profondeur », assure Dominique Maraninchi, nommé directeur de l'agence il y a un peu plus d'un an. Le gouvernement a voulu montrer qu'il frappait fort après le scandale du Mediator, ce médicament des Laboratoires Servier accusé d'avoir tué entre 500 et 2.000 personnes en France. L'enquête administrative a montré les graves défaillances de l'Afssaps dans cette affaire. Son efficacité a été remise en question -les signaux d'alerte sur le terrain ont mis beaucoup trop de temps à être pris en considération -ainsi que son indépendance -certains experts mandatés par l'agence avaient des liens d'intérêt avec Servier.
Outre la création de la nouvelle agence, la « loi Mediator » parue en décembre oblige les firmes pharmaceutiques à publier tous les avantages d'un montant de plus de 100 euros par an accordés aux professionnels de santé, médias, associations de patients, etc. Les personnels de direction des instances placées sous la tutelle du ministère de la Santé devront déclarer leurs liens d'intérêt avec l'industrie. Dans les hôpitaux, les visiteurs médicaux chargés de promouvoir les médicaments ne pourront plus rencontrer les médecins en tête à tête mais collectivement, afin d'éviter pressions et arrangements.
La publicité pour le médicament auprès des professionnels de santé sera contrôlée a priori, et non a posteriori comme aujourd'hui. Les prescriptions de médicaments en dehors de l'indication prévue par l'autorisation de mise sur le marché seront mieux surveillées. Plusieurs textes d'application de la loi n'ont pas encore été publiés. Ce sera fait « d'ici à quelques semaines », assure le ministère de la Santé.