Actualités de l'association de défense des victimes du Médiator et de l'Isoméride (AVIM)

Mediator : le laboratoire Servier devant la Justice

France 5, samedi 15 janvier 2011, Émission Revu et Corrigé

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé présentée par Paul Amar - logo Suite aux suspicions de morts et de problèmes de santé qui ont donné naissance à l’"affaire du Mediator", le 18 janvier 2011, l’Association des Victimes de l’Isoméride et du Mediator (AVIM) devrait déposer 110 plaintes pour blessures ou homicides involontaires contre le laboratoire Servier auprès du Pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris.
Son président, le Docteur Dominique-Michel Courtois, présent sur le plateau de "Revu et corrigé" assure que d’ici la fin du mois, elles seront accompagnées de 500 nouvelles plaintes provenant de la France entière.
En parallèle, "une demande d’entrevue sera déposée auprès de Xavier Bertrand (ministre de la Santé), afin de lui faire part de la détresse de toutes les victimes et pour lui demander la création d’une commission d’expertise et d’indemnisation".


Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Paul Amar : « D’un médecin à l’autre. D’une inquiétude à l’autre. Mais le sujet, cette fois est plus polémique, il porte sur le Mediator. Ce médicament qui aurait tué entre 500 et 2000 personnes, du coup les plaintes contre le laboratoire Servier se multiplient, et nous demanderons au Docteur Courtois, Président d’une association de victimes, ce qu’il en attend. Faisons tout d’abord le point sur cette affaire avec Vicky Bogart. »

Voix Off : « Nouvelle étape dans le scandale du Mediator, les plaintes contre le laboratoire Servier pour homicide et blessures involontaires se sont multipliées cette semaine. »

Yamina Bencheikh – Victime du Mediator : « Nous sommes 116 aujourd’hui à déposer plainte et puis je pense qu’il y a 500 encore qui doivent arriver avant la fin du mois. Mais, ça ce n’est pas encore toutes les victimes, ... parce que je pense que y’en a beaucoup plus. »

Voix Off : « Certaines victimes craignent en effet des procédures pénales interminables et préfèrent jouer la carte d’un accord à l’amiable avec le laboratoire. »

[…]

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Voix Off : « De son coté le groupe Servier semble prêt à négocier. Lundi la direction générale est sortie de son silence. Pour la première fois, le laboratoire reconnait que le Mediator a pu présenter un vrai risque pour la santé des patients. »

Lucy Vincent – Directrice Générale des Laboratoires Servier : « J’ai une seule chose à vous dire, il y aurait un seul mort ce serait déjà trop. Bien sûr que les laboratoires Servier sont prêts à prendre toutes leurs responsabilités, si il y en a, mais à la fin des enquêtes en cours. »

Voix Off : « Une de ces enquêtes a été ouverte en décembre par le Parquet de Paris. La pneumologue Irène Frachon, qui avait révélé l’affaire du Mediator, a été entendu ce mercredi. Une mission d’information parlementaire a également été lancé. ».

Paul Amar : « Et avant d’écouter le Docteur Courtois. Bonsoir. »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « Bonsoir ».

Paul Amar : « Euh ... Des précisions sur le rapport de l’Inspection Générale et la réaction de Xavier Bertrand, le Ministre de la Santé, très sévères cette après-midi, Alice ... »

Alice Malhberg : « Extrêmement sévère, en effet, puisque le laboratoire Servier a été directement mis en cause par Xavier Bertrand après que l’Inspection Générale des Affaires Sociales (Ndlr : IGAS) lui a remis son rapport sur le Mediator. »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Xavier Bertrand : « Ce rapport établit clairement qu’il y a eu des défaillances graves dans le fonctionnement de notre système du médicament. A la lecture du rapport, je constate qu’il y a un faisceau d’indices extrêmement lourd qui indique une responsabilité première et directe des laboratoires Servier dans ce drame du Mediator. ».

Alice Malhberg : « Donc à cela le Ministre de la Santé a également ajouté qu’il souhaitait rebâtir un nouveau système de sécurité sanitaire pour éviter un nouveau Mediator. Pour lui la « police du médicament » a failli à sa mission. Et puis de son coté, eh bien, l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) a affirmé que le retrait du Mediator du marché, aurait pu être décidé dès 1999. C'est-à-dire, ... euh et bien, 10 ans avant son retrait effectif. Selon l’IGAS le Mediator aurait bénéficié, je cite : “d’une incompréhensible tolérance de l’Agence du Médicament de l’époque”, l’actuelle AFSSAPS. Euh ... le rapport définitif de l’IGAS est attendu le 31 mars. ».

Paul Amar : « Et les laboratoires Servier ont aussitôt réagis, en “regrettant ” ce qu’ils appellent “des conclusions non conformes à la réalité”. Alors vous êtes Docteur Dominique Michel Courtois, Président de l’Association des Victimes de l’Isoméride et du Mediator. Comment l’AVIM, réagissez-vous à ces conclusions, à la réaction du Ministre. »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « Les conclusions on les connaissait pratiquement toutes, si vous voulez, on savait très bien qu’il y avait eu un disfonctionnement dans la chaine du contrôle au niveau des différents organismes. On savait aussi qu’il y avait eu “tricherie”, si je puis dire, des Laboratoires Servier, puisqu’ils ont présentés ce médicament comme avec des effets cardio-vasculaires, sans jamais dire que c’était une amphétamine. Et effectivement, depuis (19)95 au plus tôt, 2004 où l’Italie et l’Espagne l’ont interdit, il fallait retirer ce médicament de la circulation, bien entendu ».

Paul Amar : « Tricherie, l’accusation est grave, euh ... cela veut dire que la logique financière a primé, voilà ... euh ... »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « Cela veut dire que la logique financière a primé, et surtout qu’il y a eu, quand même, des pressions et même peut-être plus à différents niveaux, pour maintenir à la vente et au remboursement à 65% par la sécurité sociale, d’un médicament dont on savait que, au mieux il ne faisait rien, et au pire il entrainait des complications ... »

Paul Amar : « “Peut-être plus” dîtes-vous ? »

Docteur D.M. Courtois : « Pardon ? »

Paul Amar : « “Pressions et peut-être plus” dîtes-vous ? »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « Et peut-être plus, oui »

Paul Amar : « C'est-à-dire ? »

Docteur D.M. Courtois : « Oui, et peut-être plus, parce que c’est incompréhensible que pendant 10 ans ce médicament, dont on savait qu’il entrainait des complications cardio-vasculaires et d’hypertension pulmonaire, a été maintenu et non seulement maintenu, mais remboursé au taux maximum de la sécurité sociale et on connait un petit peu, euh ... sans être de la partie, la façon dont les Laboratoires Servier, faisaient pression à différents niveaux, ... médecins et autres. »

Paul Amar : « Combien de plaintes déposées, à ce jour ? »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « On a déposé 110 plaintes. C'est-à-dire 100 plaintes pour “blessures involontaires” et 10 plaintes pour “homicide involontaires”. »

Paul Amar : « Et vous êtes en attente de ... plusieurs centaines de plaintes ?... »

Docteur D.M. Courtois : « On va en déposer d’avantage, parce que, je vois effectivement que l’on prône quelques fois la transaction amiable avec les laboratoires Servier. Moi j’ai essayé en 2002 (Ndlr. Pour les victimes de l’Isoméride). Je sais ce que cela a donné. Donc, jusqu’à aujourd’hui, on a vue ce qu’était Monsieur Servier, qui nie l’évidence en disant “Il n’y a que 3 morts”. Mais c’est scandaleux ! Il y a déjà trois morts ! Et on sait qu’il y en aura entre 500 et 2000, et peut-être même d’avantage ... mais il sera difficile de remonter, jusqu’en (19)76, c'est-à-dire la date de mise sur le marché du médicament. ».

Paul Amar : « Donc cela veut dire que vous voulez aller au Pénal. Et cela veut dire que vous ne vous contentez pas d’indemnisations éventuelles. Vous voulez des sanctions. »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « Tous d’abord. On a rencontré la semaine dernière, et je dois revoir mardi prochain, Monsieur Xavier Bertrand. Qui nous a demandé de lui faire une proposition sur un fond d’indemnisation. Car, il y aura un fond d’indemnisation, c’est certain. »

Paul Amar : « Est-ce que cela voudrait dire que, euh ... les personnes pourrait être indemnisées avant procès. Parce que l’on sait que la procédure judiciaire est toujours très longue. »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « C’est ce qui va être fait. Mais ce qu’il ne faut pas c’est que ce soit les Français qui indemnisent les Français. Donc, on va proposer effectivement au Ministre, une solution. Mais vous savez que vous pouvez très bien aller au Pénal, et pour les intérêts Civils vous faire indemniser. Et quand on dit que cela va durer des années, c’est totalement faux, puisque on est déjà au Pôle de Santé Publique, on a déjà deux procureurs et les auditions commencent la semaine prochaine. »

Paul Amar : « Solution, laquelle ? »

Docteur D.M. Courtois : « La solution ... »

Paul Amar : « Celle que vous allez proposer au Ministre ? »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « La solution, je pense que c’est un Fond, si vous voulez, pour aller vite, hein ... d’une part, et ne connaissant pas aujourd’hui la situation et la position de Servier. C’est un Fond d’indemnisation comme l’ONIAM le fait actuellement pour les Hépatites post-transfusionnelles. C'est-à-dire que l’on aille vite. Qu’il n y ait pas des expertises avec des experts dans toute la France. Qu’il ait des gens compétents qui étudient dossiers sur dossiers, et qui indemnisent. Mais toutes les victimes, le premier sentiment, c’est quand même la sanction des laboratoires Servier et de tous les organismes qui ont dysfonctionnés. L’argent ne vient vraiment qu’en dernière position. »

Paul Amar : « Question qui vous est posée : comment sont prises en charge les personnes qui ont prises du Mediator ? »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Docteur D.M. Courtois : « Prise en charge, et bien justement. Toute personne qui a pris du Mediator, en deux mots, euh ... ne vont pas être malade. Bien que si 5 millions en ont quand même pris, si vous voulez, ... »

Paul Amar : « Combien ? »

Docteur D.M. Courtois : « 5 millions ... »

Paul Amar : « 5 millions »

Docteur D.M. Courtois : « 5 millions. Il y en avait encore plus de 300 000, lorsque le médicament a été suspendu en 2009, ce qui est très important. Et les deux complications, donc valvulopathie et hypertension pulmonaire. Mediator : France 5 émission Revu et CorrigéMoi, je pense que, on doit aller voir son médecin traitant ou son médecin référent, qui vous connait bien. Et, à la dernière réunion avec le Ministre de la Santé, il a été décidé que l’on avertirait, qu’il y aurait un courrier de l’Ordre des Médecins qui expliquerait, que si vous voulez une échographie cardiaque, le médecin traitant ne peut pas vous la refuser. Vous allez bénéficier du doute et on va les faire. Et donc si vous voulez, si vous n’avez rien, vous allez voir le médecin et il prendra toutes les précautions pour essayer de déterminer s’il y a effectivement une pathologie. Si vous l’avez déjà, malheureusement,… bien à ce moment là vous pouvez vous orienter vers les différentes associations. »

Mediator : France 5 émission Revu et Corrigé Paul Amar : « Merci beaucoup ... »

Docteur D.M. Courtois : « C’est moi qui vous remercie. »

Paul Amar : « ... Docteur Courtois pour toutes ces précisions. »


Retrouvez l'intégralité de l'émission "Revu et corrigé" animée par Paul Amar en vidéo sur le site web de France 5.
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